Infundibuliforme

Infundibuliforme

Infundibuliforme. Qu’il est vilain ! Que je l’aime bien…

Infundibuliforme. Où se cache, en cette cascade, cette silhouette d’entonnoir dont il doit faire acte de référence ?

In…

fun…

di…

-bu

-li

-forme.

                                                      D’où vient-il ? Qui m’offrit ce trésor bossu, qui tombe comme d’un escalier ? Peut-être était-il là, au pied des marches, un peu déformé. Je l’ai saisi, mis en ma mémoire, comme on recueille un oisillon estropié, qui encombrera notre attention des heures nombreuses, réchauffé en notre demeure, jamais cependant complice ou reconnaissant. Comment, en effet, pourrais-je un jour l’user au fil d’un discours ? Verserais-je un jour dans la description des caves alchimiques, de leur verrerie innombrable, et m’attacherais-je à évoquer quelque étrange vase infundibuliforme ? Ou devrais-je, pour son usage, parler de mes mythes préadolescents, où la sexualité schématique affublait les femmes d’un vagin infundibuliforme ?

           Je le chérissais, malgré son inanité provocante et sa déplorable arrogance. J’appris qu’il était peut-être le moins méconnu des mots rares et merveilleux. J’aimais alors le langage. Ce jour-là, premier d’une nouvelle existence nulla sine linea, je couchais les premiers termes d’une œuvre périssable, aux velléités de convergence… Dix contes, ou romans peut-être, cheminant séparément vers une élocution ultime, œuvre infundibuliforme débouchant sur la lumière du seul plaisir que j’aurais eu à ciseler ces chemins imaginaires par les Mots.

Florian Gouthière,
décembre 2003
Texte écrit dans le cadre d’un exercice sur le thème « mot aimé / mot malaimé »

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