L’été du pas si étrange (mini-série estivale)
L’été venu, bien des journaux changent de formule, habillant leurs pages d’un paréo et de feuilletons destinés à fidéliser les vacanciers alanguis. Parmi les « marronniers » estivaux, l’un des grands cliché du genre a longtemps été – en particulier dans les hebdos jeunesse, mais pas uniquement – la série « documentaire » sur les mystères mystérieux du paranormal étrange et légendaire : fantômes, ovnis, l’incontournable « dame blanche », tout le tintouin. Du carburant pour frissonner au coin du feu de camp et, aussi et surtout (il faut quand même être franc), de la soupe pour « nourrir l’imaginaire » avec des foutaises. A défaut d’imprimer des « été de l’étrange », les quotidiens régionaux et les JT nationaux ne manqueront pas, à la belle saison, de refourguer des sujets sur l’incroyable pouvoir des sourciers ou l’inexplicable pouvoir des barreurs de feu de nos régions.
J’ai proposé au quotidien Libération un contrepoint à ce cliché estival : dans les six premiers numéros de son cahier d’été, le quotidien au losange rouge présentera dans ses colonnes une mini-série en six épisodes, intitulée « L’été du pas si étrange » (ou « Pas si étrange », histoire de rendre la chose plus intemporelle dans les archives numériques du journal). Signés par votre serviteur, ces petits articles de trois feuillets vous raconteront eux aussi des histoires de fantômes, de maisons hantées, de pouvoirs extraordinaires du corps humain… mais en n’omettant pas, pour une fois, de vous livrer l’état des connaissances scientifiques à jour sur la question. Des thématiques dédaignées des sciences, des champs de connaissance inexplorées ? Que nenni, amis en short à la peau crémée !
Les lecteurs de ce blog, de SSDOTG, ou de mon dernier opus paru fin mars ne seront pas pas dépaysés !
Le premier épisode est paru dans l’édition de ce week-end.
Trouver de l’eau, est-ce bien sourcier ?
Dans l’imagerie populaire, les sourciers sont dépeints déambulant dans un champ, tenant fermement entre les mains une branche de noisetier en Y ou une baguette du même bois, fendue en son milieu. Au-dessus d’un point d’eau, l’objet s’incline, mû par une force indéterminée (qu’on supposera vaguement liée à une sorte de «magnétisme de l’eau»). Mais si on creuse un peu, est-ce que tout cela coule vraiment de source ? Lire l’article.
- Le sujet est déjà largement évoqué dans les premiers chapitres de Santé, science, doit-on tout gober ? (Belin, 2017), mais il était de saison !
A-t-on grillé le secret des «coupeurs» de feu ?
Qu’on les appelle «barreur», «coupeur» ou «passeur», de nombreux hommes et femmes estiment pouvoir réduire rapidement l’intensité des brûlures, des douleurs, voire prévenir l’apparition des cicatrices, en mettant en application le «secret» dont ils sont dépositaires. La réputation de ces guérisseurs en free-lance serait telle que, dans une poignée d’hôpitaux, les patients en radiothérapie qui en font la demande se voient communiquer une liste de «barreurs». Voilà une preuve de leur efficacité, non ? Non. Lire l’article.
- Toutes les sources de ce billet sont à retrouver dans le chapitre dédié de Médecines alternatives et complémentaires, qu’est-ce qui marche ? (Les Arènes, 2024)
Dessins mystérieux dans les champs…
Le phénomène des «cercles de culture» – «crop circles» en anglais, agroglyphes si vous voulez faire savant – a depuis longtemps intégré l’imaginaire populaire, avec une explication implicite : nous faisons ici face aux traces laissées par des machines volantes, des vaisseaux autrefois éventuellement soviétiques, bien plus certainement venus d’autres planètes. Certains courants ésotériques y voient des messages communiqués par la Terre elle-même. L’origine non humaine de ces fresques végétales serait non seulement évidente, mais démontrable, et démontrée par les initiés. Impressionnant ! Ou pas. Lire l’article.
Les ovnis, pas forcément «objets», pas forcément volants, et souvent identifiables
Eh mais… Tu as vu ce truc ? Cette lumière intense dans le ciel ? Qu’est-ce que ça peut bien être ? Ainsi commencent la plupart des observations rapportées, depuis des décennies, en gendarmerie ou directement au Centre national d’études spatiales (Cnes), avec à ce jour plus de 3 100 cas dans les archives nationales. Dans l’imaginaire collectif, le terme «ovni» renvoie presque toujours à l’image de la «soucoupe volante». L’acronyme se veut pourtant bien moins catégorique : on parle d’un objet, volant, non identifié par l’observateur… mais pas forcément «non identifiable». Lire l’article.
- Un sujet sur lequel je suis régulièrement revenu dans mes fameuses conférences « non identifié ? » !
La maison hantée en haut de la colline…
Alors que vous baguenaudez sur les sentiers de campagne, vous sentez poindre l’orage, et vous mettez en quête d’un abri. Il y a bien cette vieille maison abandonnée… Vous reviennent alors en mémoire ces histoires qu’enfant, vos cousins vous racontaient sur ce lieu lugubre, où ils avaient ressenti une inexplicable présence… Brrr. En vous abstenant de rentrer dans cette bâtisse, vous vous êtes très certainement épargné bien des sueurs froides. Non pas que le lieu fût hanté : la baraque n’a jamais été occupée. Mais lorsqu’on nous persuade qu’un lieu a quelque chose d’anormal, notre cerveau est enclin à surinterpréter le moindre grincement de parquet. Lire l’article.
30 millions d’amis télépathes ?
D’un coup, votre chien se lève, aboie, apparemment sans raison. Quelques minutes plus tard, une voiture franchit le porche. En embrassant vos visiteurs, vous lâchez : «On savait que vous seriez en avance, cette brave bête nous a prévenus !» Ces récits d’animaux qui, de longues minutes avant l’arrivée de leur maître ou de leur maîtresse, se campent devant la porte d’entrée ou collent leur truffe à la fenêtre, foisonnent. N’avons-nous pas là une flagrante démonstration de prémonition ou de transmission de pensée ? En réalité, le phénomène est bien révélateur d’un pouvoir surprenant de l’esprit… mais pas celui que l’on croit. Lire l’article.
- Avec un petit retour sur un test mis en oeuvre par James Randi, sur lequel je revenais déjà dans SSDOTG.
Merci parce que c’est gavant (pardon pour l’expression triviale) ! Le marronnier de l’été sur les mystères mystérieux du paranormal étrange et légendaire hélas perdure au delà de la « belle saison » grâce à C8 et autres Netflix sans compter sur les vidéastes du net qui vivent de ces sujets en tournant en rond. Un contre ton est absolument indispensable car les affabulations assénées comme des vérités parfois peuvent être le terreau de complotisme ou entrainer des personnes fragiles vers des mouvements sectaires. Le monde a le droit de rêver certes et ça fait du bien car la vie n’est pas facile souvent, mais vigilance pour ne pas sombrer sans oublier que la science elle, est réellement fascinante.
C’est vrai ! Mais l’été, avec son lot de journalistes sérieux en congés, et la propension de certaines rédactions à vouloir faire des sujets « un peu plus légers, un peu moins prise de tête », conduit à une recrudescence de ces « best of de la foutaise » en cette saison. J’avais vraiment très envie de produire cette minisérie (4500 à chaque fois, c’est très peu) pour distiller quelques outils d’esprit critique (et de culture scientifique) au lecteur alangui sur sa serviette de plage !
l’été et son lot observation nocturne par des gens qui levent les yeux au ciel 5mn par an c’est triste
C’est le sujet de l’épisode 3, sur les « mystérieuses lumières dans le ciel »… qui, pour bon nombre, sont surtout mystérieuses à ceux qui n’ont pas l’habitude de scruter le ciel !