Journalisme

Pour une déclaration des conflits et liens d’intérêts des journalistes

Une production journalistique (article, reportage…) peut être biaisée de plusieurs façons. L’information portée à la connaissance du lecteur peut notamment être distordue ou incomplète. Dans ce blog, j’espère aborder régulièrement, exemples à l’appui, ces deux dimensions de la mésinformation. Et essayer de proposer, à mon humble mesure, quelques pistes de solution.

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Selon la Charte d’éthique professionnelle des journalistes du Syndicat National des Journalistes (à laquelle je souscris sans réserve), « un journaliste digne de ce nom […] refuse et combat, comme contraire à son éthique professionnelle, toute confusion entre journalisme et communication ». De même, il « ne touche pas d’argent dans un service public, une institution ou une entreprise privée où sa qualité de journaliste, ses influences, ses relations seraient susceptibles d’être exploitées »…

Une telle charte n’est pas réellement contraignante, et des entorses aux principes qu’elle édicte sont régulièrement constatées. Il s’agira ici d’un reportage à la gloire de l’actionnaire ou d’un partenaire commercial; ailleurs, de la rédaction de publi-reportages…

Un cas particulièrement pernicieux est celui du journaliste qui mettrait de l’eau dans son encre, lors de la rédaction d’un sujet sur une entreprise dont il possède des actions : Untel, journaliste influent, possède des actions du laboratoire Glups®. On lui demande de rendre compte d’un nouveau médicament du laboratoire Glups®. Les données scientifiques qu’il a récupérées sont, en toute rigueur, insuffisantes pour conclure à l’intérêt de la molécule. Pourrait-il être tenté d’oublier quelques détails, et présenter le produit sous un jour plus favorable, dans l’espoir de ne pas nuire à son investissement ?

Les faits dénoncés sont, très vraisemblablement, le fait d’une proportion restreinte de journalistes. Mais ce sont les dérapages d’une minorité qui motivent la plupart des « codes » – du code de la route… au code de déontologie.

Comment garantir au citoyen l’indépendance du journaliste à l’égard du sujet qu’il aborde ? Comment éviter la défiance croissante à l’égard de la profession d’informateur ? Comment désamorcer des suspicions naissantes et renouer des liens de confiance avec le lectorat ?

J’estime du devoir du journaliste de publier, sur une base de donnée aisément accessible à tout citoyen, une déclaration de ses conflits et liens d’intérêts potentiels, sur le modèle de ce qui est exigé de la part de nombreux parlementaires. À défaut, de tenir à disposition du public (par exemple sur un blog), une telle liste. Devraient être mentionnés : les voyages de presse, les petits déjeuners de presse, les cadeaux et échantillons, etc.

La défense de l’intégrité de la profession de journaliste me semble à ce prix.

Ma déclaration de conflits d’intérêts 2015

À la date du 30 novembre 2015, et pour l’année 2015 :

    • Je ne possède pour ma part aucune action d’entreprise (bourse, etc). Je suis toutefois titulaire du nombre minimal de « parts sociales » de la Banque Populaire nécessaire, selon ma banquière, à la constitution d’un plan d’épargne dans mon agence en 2008 (valeur : 50 euros). Actuellement assuré par la MAIF, je crois être également « sociétaire de la MAIF », mais j’ignore si cela sous-entend la possession de « parts sociales ». À vérifier (cela ne doit toutefois pas peser beaucoup plus lourd).
    • Je ne suis lié ni par l’argent, ni (à ma connaissance) par la famille ou par des amitiés avec des personnes travaillant pour des entreprises sur lesquelles j’écris ou enquête.

Amené à traiter de sujets santé/médecine, je mets systématiquement à la poubelle (ou au recyclage) tous les échantillons que m’adressent laboratoires pharmaceutiques et parapharmaceutiques.

[edit 14/12/2015] Intervenant depuis 2014 en tant que formateur pour le concours Ma Thèse en 180 secondes, je me suis depuis lors abstenu d’écrire un quelconque article journalistique sur cet évènement.

Je reste ouvert à toute suggestion de précision utile.

Florian Gouthière

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Représentation de la « législation corrompue » par Elihu Vedder (1836–1923)

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