[trouvaille] Des énigmes à voyager dans le temps
Et voici un nouvel article de la catégorie [trouvaille], où sont partagées quelques pépites logiques et vidéo-ludiques trouvées ailleurs dans la vaste toile ouèbique (vos suggestions sont évidemment les bienvenues !).
Ce 21 octobre 2015, la deLorean volante du docteur E. Brown aurait/a/va débouler dans le ciel de Hill Valley, en Californie. A la suite de quoi, une tripotée de sales paradoxes temporels vont s’en suivre, mettant en péril la trame du réel.
L’immense majorité des récits de science-fiction se confrontant à la problématique du voyage temporel (1) se prend, d’une façon ou d’une autre, les pieds dans le principe de causalité. Et c’est la raison pour laquelle il existe très peu d’énigmes logiques jouant sur des aller-retour le long de la flèche du temps : elles ne seraient plus logiques.
Seuls certains jeux vidéos, en limitant le champ des possibles (celui de l’univers programmé) sont, au fond, parvenus à proposer des énigmes « spatio-temporelles » en apparence exemptes de paradoxes.
Un exemple célèbre est celui du jeu Day of The Tentacle (LucasArts, 1993), dans lequel trois adolescents sont envoyés à trois époques distinctes (un siècle en amont, quelques décennies dans le futur et… dans le présent). Les actions réalisées dans une époque influencent les possibilités offertes dans les époques ultérieures. Par exemple, pour permettre à un personnage de descendre d’un arbre, on peut couper le même arbre dans le passé… ce qui résout le problème à la source ! Et si l’un a besoin de vinaigre, un autre n’a qu’à entreposer du vin dans l’endroit adéquat…
Image extraite de Day of the Tentacle (LucasArts, 1993). Non, il n’y a jamais eu de blessé, car c’est la première fois que l’appareil est testé. Et oui, ces véhicules spatiotemporels sont des sanisettes.
Le jeu fera quelques émules, parmi lesquelles Chrono Trigger ou, dans une moindre mesure, The legend of Zelda: Ocarina of Time…
La part de l’ombre
Parmi les jeux en ligne gratuits proposant des énigmes temporelles particulièrement bien pensées, plusieurs font appel à un mécanisme qui me séduit énormément : celui de « l’ombre« . L’idée est la suivante : chaque action que vous réalisez est enregistrée par l’ordinateur. Si vous mourrez, votre personnage recommence au début du niveau Jusque là, rien d’original. Mais c’est en réalité un clone qui a remonté le temps, et vous devez cohabiter avec votre ancien « vous » (le moule de votre clone, votre « ombre », bref, un reflet du passé). Vous jouez réellement avec le temps, et réalisez-même la prouesse… de coopérer avec vous même.
Parmi ces jeux temporels (revendiquant la dimension « spatiotemporelle » plus ou moins ouvertement), je vous recommande particulièrement :
- le très « arrache-cheveux » Chronotron, qui intègre l’impossibilité des paradoxes temporels dans la mécanique de jeu;
- et le chef d’œuvre (un tantinet) déprimant qu’est The company of myself;
Chronotron et The Company of Myself, deux [trouvailles] spatiotemporelles qui valent le détour…
Tous deux sont en anglais. On peut jouer à ces titres sans être parler la langue d’Élisabeth II (les commandes sont très intuitives), mais il faut avouer que dans le cas du second jeu, c’est assez dommage de se priver de la narration…
Dans Chronotron, les paradoxes temporels
font partie intégrante des règles du jeu !
Au chapitre des énigmes spatiotemporelles, d’autres ressorts vidéo-ludiques intéressants mériteraient d’être détaillés… L’astuce consiste tantôt à jouer avec la notion de sauvegarde (acquérir des connaissances dans des lieux isolés, et repartir d’une étape précédente avec ce savoir, sans s’enquiquiner à explorer de nouveau le lieu), tantôt à recommencer des niveaux avec des pouvoirs acquis bien plus tardivement dans le cours naturel du jeu (la progression narrative de l’exploration d’un monde est prise pour ce qu’elle est : un artifice).
N’hésitez pas à partager dans les commentaires vos propres trouvailles de jeux « à énigmes » dont la clef réside dans la possession d’un convecteur temporel (ou un équivalent !)… je n’ai aucun doute sur le fait que vous fassiez des heureux parmi les lecteurs du blog !
(1) Certains auteurs et scénaristes redoublent d’imagination pour éviter les paradoxes (lire et voir notamment Félix Palma avec La Carte du Temps ou Shane Carruth avec Primer…). L’astuce classique étant d’affirmer que l’on ne voyage jamais vers la « ligne temporelle » d’où l’on vient, mais que le voyage se fait vers une réalité alternative (monde parallèle) en tout point semblable au nôtre.