Le principe de parcimonie

Les « fondamentaux de l’esprit critique » sont de courts billets destinés à rappeler des notions clefs de la démarche scientifique.

200px-Aldus_leaf_unicode2767.svg

En sciences, lorsque plusieurs hypothèses sont disponibles pour expliquer un phénomène, il est plus sage de privilégier celle qui cadre le mieux avec ce que l’on sait déjà du fonctionnement du monde (et que l’on a déjà confirmé par ailleurs).

Il ne s’agit pas de privilégier l’explication la plus « simple », mais plutôt celle qui est la plus économe en éléments nouveaux. En d’autres termes, on préférera une hypothèse qui fait appel à des phénomènes précédemment connus, compris et expliqués, plutôt qu’un scénario qui se réfère à des entités nouvelles, vagues, ou encore mystérieuses (on parle d’hypothèse « coûteuse »).

Le chat, des extraterrestres, ou bien des gnomes de maison ? (ill. Christophe/Georges Colomb, 1904)
Qui a brisé le vase ? (illustration : Les malices de Plick et Plock, Christophe/Georges Colomb, 1904)

Un vase posé près de la fenêtre est tombé dans la cuisine. Rien ne prouve que ce ne soit pas un fantôme qui ait attaqué le vase, à moins que ce ne soit un rayon laser venu d’un vaisseau spatial extra-terrestre… mais l’hypothèse la plus économe reste encore la suivante : le vent, en poussant la fenêtre, a fait tomber le vase !

Bien sûr, si des faits précis viennent donner du crédit à une hypothèse plus « coûteuse », on pourra songer à abandonner l’hypothèse « économe » que l’on avait initialement privilégiée. Mais il faut être sûr que ces preuves sont concluantes, et que toutes les précautions ont été prises pour garantir leur sérieux et leur validité !

 

Note : le principe de parcimonie est parfois évoqué sous le nom de « rasoir d’Occam » (ou « rasoir d’Ockham »), du nom d’un philosophe du XIVe siècle dont les écrits évoquent cette idée. La notion de « rasoir » peut renvoyer l’image d’une démarche efficace pour « trancher » entre deux hypothèses.

200px-Aldus_leaf_unicode2767.svg

💡 Notions associées 💡

☝🏻 Une affirmation extraordinaire nécessite une preuve plus qu’ordinaire
☝🏻 C’est à celui qui affirme l’existence d’un fait extraordinaire d’en apporter la preuve
☝🏻 Peut-on affirmer que quelque chose n’existe pas ?

🌐 Ressources externes 🌐

3 réflexions sur “Le principe de parcimonie

  • 8 août 2019 à 2 h 40 min
    Permalien

    Super ! Je vous encourage à continuer ces billets ! Votre travail est très instructif. Merci !
    D’ailleurs si je peut ajouter mon grain de sel: peut être pourriez-vous parler de l’opinion selon laquelle la pensée de bayes induit un rasoir d’ockham, ce qui participe à légitimer ce dernier puisqu’il serait alors issu de la logique et des mathématiques.

    Répondre
    • 8 août 2019 à 8 h 10 min
      Permalien

      Merci de votre retour et encouragements ! À vrai dire, dans l’esprit du projet Curiologie, ces billets ont trois « stades » d’évolution : cette version, légère, une version beaucoup plus approfondie mais toujours accessible au quidam (ici, l’ensemble du chapitre 6 de SSDOTG, qui pose à mon avis les prérequis du/des lien.s vers Bayes), et une version approfondie « complète » qui s’appuie sur les épaules de la précédente, destinée à être publiée dans la catégorie Dossiers. J’espère pouvoir m’y atteler dans l’année qui vient ! Je trouve intéressant l’idée de légitimer Occam par les maths… Mais pas certain que tout le monde adhere « en première lecture » au bayesianisme … Il faut que le lien soit subtilement vulgarisé, ça nécessite réflexion ! ☺️

      Répondre
  • Ping : James Randi et l'art de plier les objets par la pensée - C.Q.F.D. - Science et esprit critique

Laisser un commentaire